Ads Top

Le jour où ma trottinette a été confisquée !


 Je vous avais parlé dans un précédent article du durcissement des règles de conduite des trottinettes électriques (ou e-scooters). C'est donc le 23 juin à 11h02, alors que j'étais de corvée je vaquais à mes occupations du samedi matin, à savoir aller déposer puis chercher Miss Z. à son cours de danse et faire quelques courses au FairPrice du coin, qu'il m'est arrivé ce qu'il devait arriver...

Je roulais dans la petite rue tranquille juste à la sortie de notre condo qui se trouve dans un quartier plutôt résidentiel avec des petites maisons et des rues étroites. J'arrive en haut de la côte et là surprise, j'aperçois des personnes avec des gilets jaunes fluo marqués LTA et un policier en uniforme. Un signe de la main de l'un deux pour m'indiquer de m'arrêter tel un gendarme qui vous interpelle à un rond-point en France pour contrôler vos papiers ou vous faire faire un test d'alcoolémie !


Je m'arrête immédiatement et remarque qu'un de mes voisins singapouriens du condo qui a aussi l'habitude de rouler sur la route avec son e-scooter a lui aussi été interpelé. Les autorités semblent décidées à marquer les esprits en donnant des contraventions en masse et à faire respecter la loi.


Et en l'occurence, la loi dit que les scooters électriques n'ont le droit de rouler sur la chaussée mais uniquement sur les trottoirs ou Park Connector (dont je vous parlerai dans un prochain article).

Il n'empêche que l'agent qui me demande mes papiers est très courtois et s'excuse presque de le faire. Il m'explique que conformément à la loi, je suis censé rouler sur les trottoirs. Mince, je n'ai pas mes papiers. Je lui dit que je repars les chercher et qu'il me faudra 5 minutes aller-retour car j'habite dans le condo que l'on aperçoit à 30 mètres. Il me croit sur parole mais me prend quand même en photo en présence de ma trottinnette sous tous les angles ainsi que le numéro de série inscrit sur le châssis.


Ensuite, on m'explique que ma trottinette sera saisie et que j'aurais dans tous les cas 150 dollars à payer pour la récupérer à la fourrière... ainsi que 21.40$ PAR JOUR pour le stockage ! Ce qui m'inquiète c'est qu'on était le 23 juin et qu'on allait rentrer en France pour l'été au début du mois de juillet. Je demande donc à l'agent combien de temps il fallait attendre avant de pouvoir la récupérer. On me répond que cela prend en moyenne quinze jours avant qu'on officier soit chargé de l'enquête et que celui-ci me convoque... Donc si on fait le compte, j'en suis déjà à preque 500 dollars sans même compter l'amende !


J'explique donc la situation de mon retour imminent prévu pour les vacances estivales en France. L'agent me conseille d'appeler le numéro du Duty Officer qui sera en charge de mon dossier dans les tous prochains jours. Et il rajoute même qu'il faudrait que je prenne des photos pour alimenter mon dossier afin d'argumenter qu'il était difficile de rouler sur les trottoirs encombrés. Ce que je m'empresse de faire...


Dès le lundi matin, j'essaye d'appeler au numéro de téléphone indiqué. J'explique la situation à la personne au bout du fil qui m'indique très aimablement qu'aucun officier n'a encore été chargé d'étudier mon dossier mais que ma remarque sur les délais a bien été prise en compte.

Et effectivement, moins d'une semaine après mon coup de fil, un certain Officer Vijay me contacte alors que je suis au travail et me demande si je peux me déplacer au bureau du LTA (Land Transport Authority) l'après-midi même pour répondre à ses questions. Bien sûr que je peux, chaque jour qui passe me coûte 21 dollars supplémentaires !


Je me rends donc au 10 Sin Ming Drive dans les bureaux du LTA qui ressemble à n'importe quelle administration. Officer Vijay m'avait indiqué par téléphone de passer directement à son bureau sans passer par la case ticket automatisé. En effet, il y a pas mal de monde ce jour-là alors qu'on est en plein milieu de l'après-midi. A croire qu'il y a beaucoup de Singapouriens qui viennent payer des contraventions pour excès de vitesse ou feu rouge grillé en voiture ! 

J'arrive donc au bureau de Officer Vijay, un Indien singapourien au large sourire et à l'allure bonhomme. Avec son accent singlish typique, il me dit :

- So you're French lah?

S'ensuit une longue discussion à bâtons rompus sur le foot, la coupe du monde (on est en plein dedans) et l'équipe de France qu'il voit remporter la finale (visionnaire le Vijay!) car toutes les autres grandes nations du foot sont mauvaises en ce moment... Bref, je suis à des années-lumières de ce que je m'imaginais quand on me disait que j'avais rendez-vous avec un Investigation Officer. Au bout d'un moment, on parle quand même du sujet qui m'amène ici, à savoir mon infraction. Il finit par m'avouer qu'il ne fait qu'appliquer les règles et que je ne suis qu'un dommage collatéral car ceux qu'ils veulent vraiment sanctionner sont les voyous qui roulent avec des trottinettes électriques surdimensionnés à 70 km/h sur les grandes avenues avec des casques de motos et visières teintées.

En gros, je me suis fait attraper mais c'est pas vraiment moi qu'il voulaient arrêter mais la loi est la loi à Singapour. Et il termine son long laïus en me disant qu'il va faire un geste pour moi. Allez, je vous fait sauter les frais de gardiennage (21.4$ x 9 tout de même!) de votre trottinnette électrique si vous allez la chercher directement aujourd'hui et que vous payez les 150$ de fourrière maintenant. Deal ! 

Je remercie chaleureusement Officer Vijay presque prêt à lui taper sur l'épaule... non quand même pas. On est à Singapour ! 


Je règle les 150 dollars de fourrière et je saute dans un taxi direction Jurong un endroit tout à l'ouest de Singapour où l'on trouve des grands batiments industriels, de grandes tours de raffinerie de pétrôle et donc aussi les entrepôts du LTA.


25 minutes de taxi plus tard, difficilement, je finis par trouver cette entrée qui ne ressemble à rien avec juste cette affiche LTA Pound. J'aperçois juste une petite sonnette juste à gauche et trentes secondes plus tard un agent de la sécurité vient m'ouvrir. Je rentre mon nom et le but de ma visite dans un vieux petit carnet crasseux (comme à l'entrée des condos quand les gardes ne vous laissent pas rentrer facilement...). Le garde regarde mon document officiel puis rentre un numéro dans son vieux PC à écran cathodique encore sous Windows XP. 


Après 5 minutes de recherche dans la base de données ultra-moderne (je me suis demandé plusieurs fois si j'étais encore à Singapour), il me fait signe de le suivre. J'ai bien vu qu'il ne parlait pas un mont d'anglais. Il doit certainement être chinois PRC (Popular Republic of China autrement dit un chinois du continent... pas de Singapour !).


Je comprends maintenant que je ne suis pas le seul à m'être fait confisquer mon e-scooter. Il y a en plusieurs centaines voire des milliers sur toute l'étendue du hangar qui fait bien 500 mètres de long. Le garde regarde le numéro qu'il avait noté à partir du PC désuet. Il a l'air de se diriger vers une zone où se trouverait ma trottinnette. Maintenant il me montre le numéro de série et me fait signe de chercher avec lui, chacun de son côté. Lui cherche dans un coin, moi à l'opposé... 


Et au bout de 10 minutes, la-voici noyée au milieu d'une masse de trottinnettes de modèles et de marques toutes différentes ! Je signe mon papier, et je repars avec, en roulant cette fois-ci uniquement sur les trottoirs !


Quelques semaines plus tard, au retour des vacances en France, je recevais la lettre d'injonction de payer l'amende que l'Officer Vijay avait fixé au strict mimimum, soit 300 dollars. Bref, la petite affaire m'aura quand même couté la bagatelle de 450$ soit plus de la moitié du prix ma trotinnette achetée moins d'un an auparavant.

Du coup, je l'ai revendue récemment à un collègue au prix de... 450$. Maintenant, si vous roulez à trottinette électrique à Singapour, vous savez à quoi vous attendre !

Fourni par Blogger.